Dans les airs,
Lundi 17 Juillet, à l’heure où l’avion décolle pour Baliland
Et puis viendra un jour où nous arrêterons de vouloir être grand, de vouloir être fort, de vouloir être au top.
Nous cesserons toute quête du devenir un autre que nous-même. Nous pourrons oser regarder l’être imparfait, petit, médiocre et à la fois généreux et sensible que nous sommes avec tendresse et douceur.
Dans cette présence à soi et en soi, avec bienveillance, nous pourrons dire « oui » à toutes les parts de nous avec lesquelles nous luttons, résistons. Nous pourrons nous déposer dans un espace d’amour illimité sans plus rien chercher à être, paraître ou devenir.
Nous reconnaîtrons en nous tous ces morceaux dont nous sommes composés en observant que notre puzzle pour être abouti en passe par accueillir chaque pièce de ce 1000 pièces qui nous compose. Que si nous ne retournons pas chaque pièce pour la voir – rien de plus troublant qu’un puzzle dans lequel subsiste un vide – la reconnaître alors restera en nous cet espace inconfortable d’incomplétude et de trou béant qui nous pousse à croire qu’en cherchant à l’extérieur de nous quelque chose nous complètera et qu’une fois obtenue le graal s’en suivra. Vaste illusion !
Tel un borgne qui ne voit qu’un bout de ce qui est.
Nous ne pouvons pas faire l’économie de nous regarder en face, de plonger en nous, parfois au forceps, parfois comme un voyage initiatique ; là réside notre seul choix, avec pour seule guide la sincérité de soi à soi.
Pas besoin de carte, ni de boussole, aucun miles à parcourir, nous sommes déjà arrivés à destination.
Si j’accepte de pleurer quand les pleurs sont là, de crier, de rire, de chanter quand c’est là, sans chercher à comprendre ni à se justifier – faut-il que tout ait toujours une raison, un sens ? – quand la joie est là, personne ne se demande pourquoi.
Alors probablement que de cette douce fluidité, de cette grande embrassade du tout ce qui se vit en nous pourra s’opérer, plus de recherche de perfection, plus de jugement, en relâchant l’idée qu’il ne faudrait être que le bon, le beau et le meilleur tout le temps, ne restera que le je suis et c’est bon à l’intérieur.
Je prendrai soin de cet être que je suis, je découvrirai que quelles que soient les émotions qui me traversent, je suis là pour moi, comme un pilier soutenant et je pourrai me prendre dans les bras d’une étreinte enveloppante et délicate en osant la l’amour et la tendresse envers moi.
Il est tellement plus facile de se tourner vers les autres… Quand prenons-nous réellement soin de nous ? Quand prenons-nous le temps de nous poser en nous, d’écouter ce silence qui nous en dit plus que tous les mots qui viennent colmater ce vide qui nous insupporte et que nous croyons toujours devoir combler de peur qu’il ne nous reste, advitam eternam, que notre silence intérieur pour seul compagnon.
Quelle futile quête, où nous meublons et tournons autour de nous en permanence, telles les girouettes au vent. Et si avec douceur, j’osais porter un regard plein d’amour sur l’être que je suis, si je pouvais prendre ma main avec délicatesse, me mettre à l’écoute des battements de mon cœur et voir toute la beauté qui est moi à l’intérieur, la goûter et la vivre pleinement et joyeusement. Quel bonheur !
Et si souffrance il y a, elle est à la hauteur et témoigne du manque d’amour pour soi.
Se laisser surprendre et toucher par tout ce qui nous compose, sans rien écarter, sans mettre de distance entre moi et moi, moi et le monde qui m’entoure, ne rien refouler, au contraire, accueillir dans nos bras toute cette richesse qui nous rend si singulier.
Je pourrai oser m’étreindre avec chaleur et tendresse, reconnaître pleinement mon humanité. Et si je pensais trouver encore quelque chose à l’extérieur de moi, je ne pourrai que constater que tout était déjà là, en moi, que la grâce de s’aimer dans sa totalité est notre plus grand trésor, notre profondeur d’être, d’âme, de cœur, ce qui nous relie à la source, notre seul devoir ici et maintenant.
De cette vie qui nous a été donnée, je fais ce vœu : « puissions-nous nous aimer un jour dans le respect du précieux que nous sommes ».
MM
Photo : Inconnue