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Coeur serré

Lundi 12 Avril 2021, aujourd’hui est un jour triste.

À 10h44, je reçois ce sms : « Bonjour Magali c’est Sandra une amie de Guillaume. Guillaume B. Je suis venue avec lui à ton dernier atelier câlin sur Paris. Je ne sais pas si tu es au courant. Guillaume nous a quitté. Je suis désolée. Je pars à Cajarc ce jour pour lui rendre un dernier hommage demain. »

Je lis et relis le message. Je pense avoir mal compris. Une nouvelle fois ces mots résonnent en moi et me percutent « Guillaume nous a quitté ». Mon coeur est serré, en peine, les larmes coulent.

Je reste sous le choc et oscille entre tristesse et questionnements : pourquoi lui, pourquoi maintenant, comment est-ce possible ?

Guillaume était une figure aux Ateliers Câlin. Il était là à chaque soirée.

Il était drôle, émouvant et si touchant.

Il était joyeux, un grand amoureux de la vie.

Le soleil de son accent était un enchantement.

Il nous rapportait régulièrement, de son Lot, des conserves faîtes maison par ses parents. Après les ateliers, il nous régalait de ratatouilles et de terrines.

Dans la vie, il était clown. C’était son métier qui l’animait profondément. Il aimait son activité et s’y consacrait avec tellement d’enthousiasme et de passion. C’était une vocation.

Il était fougueux et avait soif de partager l’amour.

Un de ses tee-shirts favoris qu’il aimait porter aux ateliers indiquait : « Allez tous vous faire aimer ».

Nous avions tissé un lien intime.

Nos discussions, nos afters et nos soirées en dehors étaient le berceau de confidences sur nos bonheurs et nos doutes.

Je nous revoie à la fin des ateliers partageant la danse de la vie, les rires et les larmes.

C’était un vrai jaillissement, une effusion, une perfusion du vivant.

Depuis l’arrêt des ateliers, nous étions toujours présents l’un auprès de l’autre, témoins de nos chemins respectifs au coeur de notre humanité.

Et je me souviens, comme hier, de ta joie, en fin d’année 2020, de me raconter tes projets.

Revenu dans ta région dont tu nous parlais si souvent, à côté de tes parents que tu aimais tant, avec ta petite amie bien-aimée, tu avais plein de rêves : un nouveau lieu de vie, une salle pour des futurs ateliers.

Tu m’avais dit : « À l’été prochain, tu viendras nous voir, il y a une pièce pour les ami(e)s dans notre nouveau chez nous. »

Tu avais plein d’envies et tu étais plein de vie.

Guillaume, tu étais devenu un ami. Je te remercie de tout l’amour que tu as donné, diffusé, propagé autour de toi et de tout ce que nous avons partagé, tant de moments merveilleux. C’est beaucoup.

Nul doute, tu étais un homme bon, généreux, bienveillant.

Le jour de ta mort, Vendredi 9 Avril, tu m’as écrit ce message à 15h31 qui faisait écho à ma dernière newsletter – Bye, bye Paris – : « Sublime hommage à cette immense cité, de cette immensité, je te rejoins sur certain point également, je suis ravi de ta nouvelle transition de vie, je te souhaite que du joli, je t’embrasse. »

En réponse, je te disais ces mots : « Merci Cher Guillaume pour tes bons souhaits et ton retour. Nos plus beaux paysages restent à l’intérieur. Je t’embrasse chaleureusement et te souhaite un beau printemps. »

Quelques heures après, tu n’étais plus, rupture d’anévrisme.

Mon bel ami, que la lumière t’enveloppe et que ton âme dans le ciel brille à jamais. Tu me manques déjà et je reste riche de toi, entre autres de ton sourire, de tes cheveux valsant au vent et de nos embrassades si aimantes.

Mes plus tendres pensées vont à tes proches et pour toi, je garde la plus douce des étreintes, tu sais celle dont tu raffolais tant.

Magali

Photo : Inconnue

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Les interstices

Rue Notre Dame, qui suis-je ici ? Personne, nobody.

Sensation de me sentir étrangère, quid de cette terre inconnue qu’il me reste à découvrir.

De mes paysages intérieurs aux esquisses des délices, je me contourne et m’envisage ou plutôt me dévisage, chemin où méandres et entrelacs cohabitent dans le flux ininterrompu de cette interminable bévue, passer si longtemps au dehors de soi.

Qu’avais-je appris tout au long de ces années exilées à mes côtés ?

Quelle grâce m’avait-il été donnée de rencontrer pour que s’opère en mon fort intérieur le retournement du dehors au dedans.

Comment échapper à sa destinée ?

De ces présages où déconditionnée, je m’éloigne d’un moi-même, je me retrouve aux frontières d’un diadème.

La paix couronnée de toutes ces heures passées dans la recherche d’une autre que moi, il était venu le temps où de ma couronne chargée de rien ; je pouvais aller errer dans tous les recoins avec pour seule compagnie, le néant humain et pour seul absolu l’inspir et l’expir du matin.

Dénudée de toutes les mondanités, ma seule adhérence était ma subsistance et ce besoin d’aimer.

Le seul chagrin restait mes mains vides où l’espoir de nouveaux lendemains me languissait.

Dans la pénombre du monde, ne subsistait que l’héritage de l’amour.

De ces volets tirés, ne transpiraient que le désir et le plaisir volés à l’éternité.

Je me souviens des marécages où affublée d’une parure dorée, je tentais de te sauver, je tentais de me sauver.

Fallait-il que je me retourne encore pour voir que de l’ombre de ces brisures amoncelées où le chaos répudie la misère aux confins des interstices sauvages qui nous habitent et nous brûlent.

J’avais attisé les foudres et je me débattais dans les vapeurs des cendres projetées dans l’amas des paradis perdus où égarée je me faufilais.

À contre-courant, espiègle et naufragée, seule la devanture comptait dans le précieux de tes yeux.

J’avais beau esquivé et me débattre, l’enlisement fatal avait déjà sonné le glas.

Je rugissais, chevauchant le néant.

À peine perdue, aucune issue ne semblait apparaître dans les mailles du filet où prise au piège, je m’asphyxiais.

Dans les tumultes du désordre, haut et fort, je beuglais et râlais contre l’absence des précipices car il fallait toujours tant et plus d’excitation et de passion, de peur d’une déflagration.

Avec le souffle court, comme une rémission, je regardais et palpitais la grande émission, celle de l’éloge des ambitions où l’arrogance nous pousse à l’intolérance.

Épargnée à présent je suis, ayant fui tous les stratagèmes qui agglutinent les blasphèmes, je me retire sans peine dans mes contrées lointaines.

Oh sourire, oh merveille, dans le cercueil déposes-y ton plus beau satin, laisse tes pièces d’or au fond du trou et marche d’un pas léger, sans jamais te retourner.

MM

Photo : Inconnue

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