Rue Notre Dame, qui suis-je ici ? Personne, nobody.
Sensation de me sentir étrangère, quid de cette terre inconnue qu’il me reste à découvrir.
De mes paysages intérieurs aux esquisses des délices, je me contourne et m’envisage ou plutôt me dévisage, chemin où méandres et entrelacs cohabitent dans le flux ininterrompu de cette interminable bévue, passer si longtemps au dehors de soi.
Qu’avais-je appris tout au long de ces années exilées à mes côtés ?
Quelle grâce m’avait-il été donnée de rencontrer pour que s’opère en mon fort intérieur le retournement du dehors au dedans.
Comment échapper à sa destinée ?
De ces présages où déconditionnée, je m’éloigne d’un moi-même, je me retrouve aux frontières d’un diadème.
La paix couronnée de toutes ces heures passées dans la recherche d’une autre que moi, il était venu le temps où de ma couronne chargée de rien ; je pouvais aller errer dans tous les recoins avec pour seule compagnie, le néant humain et pour seul absolu l’inspir et l’expir du matin.
Dénudée de toutes les mondanités, ma seule adhérence était ma subsistance et ce besoin d’aimer.
Le seul chagrin restait mes mains vides où l’espoir de nouveaux lendemains me languissait.
Dans la pénombre du monde, ne subsistait que l’héritage de l’amour.
De ces volets tirés, ne transpiraient que le désir et le plaisir volés à l’éternité.
Je me souviens des marécages où affublée d’une parure dorée, je tentais de te sauver, je tentais de me sauver.
Fallait-il que je me retourne encore pour voir que de l’ombre de ces brisures amoncelées où le chaos répudie la misère aux confins des interstices sauvages qui nous habitent et nous brûlent.
J’avais attisé les foudres et je me débattais dans les vapeurs des cendres projetées dans l’amas des paradis perdus où égarée je me faufilais.
À contre-courant, espiègle et naufragée, seule la devanture comptait dans le précieux de tes yeux.
J’avais beau esquivé et me débattre, l’enlisement fatal avait déjà sonné le glas.
Je rugissais, chevauchant le néant.
À peine perdue, aucune issue ne semblait apparaître dans les mailles du filet où prise au piège, je m’asphyxiais.
Dans les tumultes du désordre, haut et fort, je beuglais et râlais contre l’absence des précipices car il fallait toujours tant et plus d’excitation et de passion, de peur d’une déflagration.
Avec le souffle court, comme une rémission, je regardais et palpitais la grande émission, celle de l’éloge des ambitions où l’arrogance nous pousse à l’intolérance.
Épargnée à présent je suis, ayant fui tous les stratagèmes qui agglutinent les blasphèmes, je me retire sans peine dans mes contrées lointaines.
Oh sourire, oh merveille, dans le cercueil déposes-y ton plus beau satin, laisse tes pièces d’or au fond du trou et marche d’un pas léger, sans jamais te retourner.
MM
Photo : Inconnue